Le crime d’être de droite, by Chantal Delsol

Combien ont applaudi à voir un gouvernement mettre en place le service minimum en période de grève ! Combien ont applaudi en voyant que pour la première fois, depuis aussi loin que remonte le regard, un gouvernement ne se couche pas devant la première manifestation venue, mais poursuit ses réformes sans s’évanouir au bruit de la rue.

On pourrait multiplier les exemples. En dépit des promesses non tenues, des atermoiements, des rodomontades, la teneur de droite du gouvernement Sarkozy n’est pas à démontrer.

Ce n’est pas que nous n’ayons pas eu auparavant de gouvernements de droite. Depuis la Seconde Guerre, nous en avons eu pléthore, au contraire. Cependant, la droite jusqu’alors faisait tout pour ressembler à la gauche (le mot “droite”, jusqu’à la fin du XXe siècle, en France, n’était prononcé que comme injure), et d’ailleurs elle lui ressemblait en effet. Il n’est que de voir les restes : que Jacques Chirac, ancien président de “droite”, et sa fille Claude, qui était sa conseillère majeure à l’Élysée, fassent campagne pour François Hollande, cela est parfaitement normal. Nous avions donc une alternance, mais qui ne l’était que pour l’effet d’annonce, et j’allais dire pour la frime. En réalité, tous les présidents étaient de gauche, plus ou moins, et ce, d’autant plus facilement que la gauche longtemps était d’extrême gauche, il suffisait donc à la droite d’être un peu moins de gauche… Mais enfin, aucun gouvernement n’aurait osé résister aux manifestations ou instaurer un service minimum face aux grèves générales qui rendaient le pays exsangue : c’eût été fasciste.

Alors, si les gouvernements n’osaient être de droite, et si une grande partie du pays l’était, pourquoi Nicolas Sarkozy, déployant une politique clairement de droite, se trouve-t-il si récusé ? Pourquoi vote-t-on pour lui en se bouchant le nez ?

La gauche française a été épouvantée de voir un gouvernement énoncer clairement des idées de droite sans traîner derrière lui la casserole fasciste. C’était un démenti à toute la normalité politique française. Comme 80 % de nos médias sont de gauche ou d’extrême gauche, ce gouvernement a été tiré à la manière d’une cible à la foire, ce d’autant plus facilement qu’il a accumulé les erreurs, les sottises, les forfanteries, les gamineries.

En France, être de gauche coule de source, c’est une normalité, une vertu, une thébaïde ; être de droite sonne faux, ou ce n’est pas sérieux, cela sent le crottin, que sais-je. On ne vous pardonnera rien si vous êtes de droite. Ayez la faiblesse de vous mettre en colère dans une émission de radio, si vous êtes de droite, les journalistes diront d’un air entendu : « CQFD, c’est un extrémiste. » Et si vous êtes de gauche, ils diront : « Quel mauvais caractère ! »

Chaque courant de pensée a ses excès et ses défauts. Si l’on veut simplifier, on dira que la gauche est hypocrite (parce que récusant la réalité, il faut bien qu’elle la réintroduise en cachette) et la droite cynique (parce qu’acceptant la réalité, elle a tendance à la justifier sous ses mauvais aspects). La droite aime l’argent ni plus ni moins que la gauche, mais elle ne craint pas de le dire, voilà toute la différence. La gauche bobo offre un faux visage d’austérité. La droite étale. Et c’est cela qui est insupportable. D’où l’histoire du Fouquet’s. Seule la gauche peut étaler son argent, car elle n’est pas suspectée de l’aimer, on croira toujours qu’elle consomme par devoir d’État. On dira que c’est injuste, non, c’est simplement partisan, et au lieu de se lamenter sur le traitement qui est réservé aux uns et aux autres, mieux vaudrait prendre acte de la réalité française : pour mener un combat d’idées à droite, il faut être plus prudent, plus sérieux, j’allais dire plus vertueux qu’à gauche, afin de compenser le déluge critique des médias, seul pouvoir sans contre-pouvoir, donc discrétionnaire.

Ce qui explique que le premier président français vraiment de droite depuis la guerre, et se disant tel, se soit fait littéralement écharper : il a cru qu’il pouvait se contenter d’être ce que sont les politiques – vaniteux, un rien flambeurs, plutôt brouillés avec la vérité ; et il a cru qu’on allait le prendre tel qu’il était avec son caractère et son éducation – désinvolte et parfois malappris, il faut le dire. Mais non, cela ne marche pas. Pour pouvoir annoncer le service minimum ou résister aux manifestations sans se faire écharper, il faudrait beaucoup de tact, une probité sans faille, une indulgence très haute, autrement dit être inattaquable. Si l’on veut prendre un autre exemple : la majorité des Français a tout à fait conscience qu’au nom de la justice sociale on a développé l’assistance de façon anarchique et dommageable pour les prestataires eux-mêmes. Mais jeter dans la mare, à dix jours du deuxième tour, l’idée d’un 1er Mai du “vrai travail” est une provocation malvenue et inutile, parce qu’elle va immédiatement se retourner contre l’idée même qu’elle était censée servir.

Il ne suffit pas d’exprimer des convictions. Faut-il encore avoir le comportement qui répond à la situation. Les convictions seront-elles balayées par le comportement ?

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Russell Kirk and the Swords of Imagination, by Darrin Moore

The battle for our future is being fought within the imaginations of men. This has always been so. Russell Kirk explained: “All great systems, ethical or political, attain their ascendency over the minds of men by virtue of their appeal to the imagination; and when they cease to touch the chords of wonder and mystery and hope, their power is lost, and men look elsewhere for some set of principles by which they may be guided.” Today, with atheistic secular humanitarianism large and in charge, many fear that we may fall prey to immoral forces; avarice, envy and tyranny.

Being encoded by our Creator with free will, human beings have the capacity for both great good and horrendous evil. Man can rise to the level just below angels or sink to the depths just above the animals. Whether he slides into degraded savagery or soars with elegant eagles depends on his reasoning and his will–and these are shaped by his imagination. The ‘moral imagination’ is, in Kirk’s phrase, “a man’s power to perceive ethical truth, abiding law in the seeming chaos of many events. Without the moral imagination, man would live merely from day to day, or rather from moment to moment, as dogs do. It is a strange faculty—inexplicable if men are assumed to have an animal nature only—of discerning greatness, justice, and order, beyond the bars of appetite and self-interest.” Chuck Colson added, “The moral imagination is more than rational, it is poetic, stirring long-atrophied faculties for nobility, compassion and virtue. . . It begins with awe, reverence and appreciation for order within creation. It sees the value of tradition, revelation, family, and community, and responds with duty, commitment and dedication.”

Competing with the moral imagination are three deviant imaginations. The first is the idyllic imagination which believes that man can emancipate himself from all duty, honor, decorum, and standards and simply escape into an endless stream of exciting sensation and sensuality. The idyllic imagination is utopian and materialistic. It falsely believes that if we could simply construct the correct set of laws, it wouldn’t matter whether men were good or bad.

Vigen Guroian adds a closely related second; the idolatrous imagination, which turns vanity into virtue and fixates on famous false heroes from sports, music, movie and television who’re often prepackaged and piped into our culture by mass marketing. Rather than innocently enjoying these entertainments in their proper perspective, obsessions with ‘the cult of the colossal’ crowd out not only worthy heroes, but also lost is valuable leisure time in which an individual’s genuine and optimal personality can be cultivated.

Once an individual becomes bored or disillusioned with the idyllic and idolatrous imaginations, the diabolical imagination often takes hold. Its works can be seen on prime time television pandering “to the lust for violence, destruction, cruelty, and sensational disorder.”

Edmund Burke first mentioned ‘the moral imagination’ in a passage that is apropos: “All the decent drapery of life is to be rudely torn off. All the superadded ideas, furnished from the wardrobe of a moral imagination, which the heart owns, and the understanding ratifies, as necessary to cover the defects of our naked shivering nature, and to raise it to dignity in our own estimation, are to be exploded as a ridiculous, absurd, and antiquated fashion.”

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